Sclerocactus cloverae ssp. brackii

Sclerocactus cloveriae ssp. brackii a été découvert dans le milieu des années 1960 au Nouveau Mexique, près des rives de la San Juan River, à proximité de la ville de Bloomfield. Son aire de répartition y est très restreinte. Selon le site du New Mexico Rare Plants (New Mexico Rare Plant Technical Council. 1999), cette cactée a été décrite une première fois en 1982 sous l’appellation de Sclerocactus grady, mais cette description s’est avérée sans valeur et n’a jamais été validée et retenue.

[Mes recherches pour trouver l’origine de cette appellation grady – ou gradyi – n’ont pas abouties. On peut noter que plus de trente années auparavant, à la fin des années 1940 et toujours au Nouveau Mexique, étaient trouvés des spécimens de cactées à forme naine et présentant un aspect juvénile remarqué proche de celui de l’espèce whipplei. Leur description était publiée par Robert Hibbs Peebles dans la revue de San Francisco, Leaflets of Western Botany 5(12): 192 1949 (Leafl. W. Bot.) sous le nom de Sclerocactus whipplei var. pygmaeus. Pouvaient-ils être des spécimens de cette sous-espèce dénommée aujourd’hui brackii ?]

2141-2014 cloverae brackiiCe taxon brackii est proche de Sclerocactus cloverae espèce (ssp. cloverae) mais en diffère par quelques caractéristiques qui mériteraient à terme, selon le botaniste américain Kenneth D. Heil, de le faire passer du rang de sous-espèce à celui d’espèce. Pour cela, ce taxon demanderait des études plus poussées.

Sur la base de l’article de Kenneth D. Heil & J. Mark Porter publié en 1994 (Sclerocactus (Cactaceae) : A Revision, Haseltonia, 2, pp20-46), article dans lequel on trouve la description « subsp. nov. » de cette sous-espèce brackii, la plus notable des caractéristiques morphologiques de ce taxon semble être d’abord de conserver sur plusieurs années une taille de tige réduite (d’une hauteur de 5 à 6 cm) comparée à celle de l’espèce Sclerocactus cloverae (ssp. cloverae) qui, sur une période de temps analogue, va parvenir à une hauteur de tige de l’ordre de 11 cm. Comme si la pousse végétative de ces brackii se trouvait momentanément stoppée, sans aucun développement, y compris au niveau de la couverture d’épines. Mais cette absence de développement physique, visible, n’empêche nullement le développement sexuel de ces cactées qui vont porter leurs premières fleurs alors même que, par leur taille et leur aspect, elles présentent encore toutes les caractéristiques observables de plantes encore juvéniles.

On observe donc sur ces cactées un décalage qui veut que leur maturation sexuelle se développe plus vite que l’évolution physique normale et habituellement observée sur les autres cactées, et notamment en comparaison avec celle des spécimens de Sclerocactus cloverae (ssp. cloverae). La couleur pourpre des fleurs de brackii est aussi celle des fleurs de l’espèce Sclerocactus cloveriae (ssp. cloveriae). 0840-2014 cloverae brackiiQuelques autres différences avec cette espèce sont observées. Sur les spécimens de Sclerocactus cloverae ssp. brackii, les épines centrales (4 le plus souvent) sont moins nombreuses que celles observables habituellement (8 le plus souvent) sur les spécimens de Sclerocactus cloveriae (ssp. cloveriae). A l’inverse, les épines radiales des brackii sont plus nombreuses (le plus souvent 5 à 6) que celle des spécimens de cloverae (4).

Sur Sclerocactus cloverae ssp. brackii, on relève souvent une absence d’épine centrale abaxiale (la plus basse qui pointe de manière perpendiculaire à l’axe de la tige). Lorsqu’elle est présente, elle ne dépasse pas les 3 cm alors qu’elle mesure 4 à 5 cm sur les spécimens de Sclerocactus cloveriae (ssp. cloveriae). Si l’épine centrale adaxiale (érigée et pointant vers le haut de la tige, dans l’axe de celle-ci) est bien présente sur brackii, elle est aussi plus courte que celle que montrent les spécimens de Sclerocactus cloveriae (ssp. cloveriae). 0815-2014 cloverae cloverae

Au-delà de ces différences, Heil et Porter notent cependant dans leur article, et sans apporter d’explication complémentaire, que lorsque les spécimens de Sclerocactus cloverae ssp. brackii ont atteint leur maturité, «… les morphologies des deux variétés (= ssp. cloverae et brackii) ont tendance à être plus convergentes, à la fois dans les tiges et les caractéristiques de leurs épines. » (« …the morphologies of the two varieties tend to be more convergent, both in stem and spine features. ») (Sclerocactus (Cactaceae) : A Revision, Haseltonia, 2, pp20-46, 1994) .

Sclerocactus cloveriae ssp. brackii est donc bien un taxon qui mériterait des études plus poussées.

Pour une description plus technique, on pourra se rendre sur le site de Flora of North America. Par ailleurs, le numéro 10, Décembre 2013, de la revue électronique The Cactus Explorer pourra aussi être consulté au travers de l’article de Zlatko Janeba intitulé « Travel with the cactus expert (9) ».

 

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