Lyman David Benson (période 1950-1980)

Au début des années 1950, Lyman David Benson (1909-1993) est professeur d’université en Californie puis en Arizona. Il enseigne la botanique et la zoologie et a déjà publié plusieurs ouvrages, notamment The cacti of Arizona en 1940 et Trees and shrubs ot the Southwestern en 1944. Ces ouvrages l’ont conduit à poursuivre ses travaux sur les cactées et à étudier nombre de descriptions déjà publiées, l’amenant par exemple en 1951 à placer Coloradoa mesae-verdae dans le genre Echinocactus (Leafets of Western Botany. 6: 163). Quelques découvertes vont aussi nourrir et orienter ses travaux.

wrightiae-0508-2012-Capitol-ReefDes spécimens d’une nouvelle cactée sont découverts en 1961 en Utah par une habitante du comté d’Emery, Madame Dorde Wright Woodruff (Wright Fishhook Cactus Recovery Plan 1985, U.S. Fish and Wildlife Service, Denver). Elle connaît bien le San Rafael Ridge d’où proviennent ces spécimens et elle va travailler de manière informelle avec Benson à la rédaction de son ouvrage The Cacti of the United States and Canada qui paraîtra en 1982.

Benson va établir un lien entre Echinocatus mesae-verdae et cette cactée nouvelle qui va bientôt porter le nom de S. wrightiae : envergure et couleur identiques des tiges qui ont l’une et l’autre la capacité à se rétracter dans le sol durant les périodes de sécheresse, couleurs et formes des fleurs très proches, déhiscence des fruits, lesquels ne portent pas d’écaille. Seule la présence de 4 à 6 épines centrales sur cette nouvelle cactée marque une nette différence avec E. mesae-verdae qui n’en possède pas ou très rarement une seule. San-Rafael-Swell-146-2009

Homme de terrain, Benson va découvrir dans le même secteur d’autres spécimens de cette cactée qu’il décrit en 1966 dans la revue Cactus and Succulent Journal (Los Angeles) 38(2): 55-57,f. 5-6, sous le nom de S. wrightiae (Dorde Wright Woodruff, On the naming of Sclerocactus wrightiae, in Segolily, Newsletter ot the Utah Native Plant Society, 29(6): 5, 2006). Ce volume 38 du Cactus and Succulent Journal (Los Angeles) est alors important car s’y trouve publiée une nouvelle nomenclature du genre. Le genre Sclerocactus comporte six espèces : glaucus, mesae-verdae, polyancistrus, pubispinus, wrightiae et whipplei, cette dernière avec trois variétés : whipplei, intermedius, roseus. On note dans cette nomenclature l’absence du nom d’espèce parviflorus tel qu’il est retenu aujourd’hui, remplacé par celui de whipplei var. roseus (Cactus and Succulent Journal (Los Angeles), 38(3): 101).

Cette nomenclature est la bienvenue car le genre devenait difficile à appréhender comme en témoignent, par exemple, les commentaires d’un auteur anglais qui, en 1972, signe dans le Cactus and Succulent Journal of Great Britain un petit article consacré au genre Sclerocactus. Dès les premières lignes, il déplore les désaccords existants visant à identifier et à dénombrer les espèces à classer dans ce genre, d’où la nécessité, dans le cadre de son article, de s’appuyer sur la nomenclature de Benson, seule source lui paraissant valable à l’époque (Bowker, L.H. 1972. The genus Sclerocactus in Cactus and Succulent Journal of Great Britain, 34(3): 54-56).

Dans les années 1970-1980, du fait de leurs lieux de collecte, les découvertes concernent des cactées jugées actuellement comme intermédiaires entre S. parviflorus et S. whipplei ssp. whipplei. Les descriptions abondent et montrent des différences peu déterminantes ne portant que sur des longueurs ou couleurs d’épines, sur des couleurs de fleurs ou de fruits, sur des tailles et morphologies de tiges. Bien souvent, on ne sait dire si les spécimens décrits sont matures ou encore juvéniles, ce qui peut avoir une importance en terme de morphologie… Notre objectif de brosser rapidement l’historique du genre nous amène à ne donner que quelques exemples sur ces écrits (cf. tableau ci-dessous).

Cette période voit même des changements de genre, tel celui proposé par le botaniste Jerry Arp de placer Sclerocactus mesae-verdae dans le genre Pediocactus en 1972. Si la couverture d’épines et les fleurs de mesae-verdae la rapprochent de Pediocactus bradyi, les caractéristiques de ses fruits et leur déhiscence la ramènent cependant au genre Sclerocactus.

whipplei-heilii-2289-2014-SanJuanDécouvertes au Nouveau-Mexique dans le comté de San Juan, S. whipplei var. reevesii (= nom non retenu) et S. whipplei var. heilii (=S. whipplei ssp. heilii), sont décrites en 1976 dans le Cactus and Succulent Journal (Los Angeles), 48(2): 80-82 (Edward Franklin Castetter, Prince Pierce et Karl H. Schwer). Elles se voient distinguées par de petites variations affectant leur couverture épineuse et leurs fleurs respectivement de couleur rose-pourpre et pourpre à magenta. S. whipplei ssp. heilii est décrite en 1994 comme S. cloverae par Kenneth D. Heil, en 1997 comme S. whipplei subvar. aztecia par F. Hochstätter, en 2003 à nouveau comme S. cloverae par K. D. Heil & Porter (Sclerocactus in Flora of North America Editorial Committee), en 2005 comme S. whipplei ssp. heilii par David Hunt (International Cactaceae Systematics Group 20: 23). wEarle-cacti-southwest5Autres cactées observées au sud-est de l’Utah, S. terrae-canyonae (= S. parviflorus) et S. contortus (= S. parviflorus), sont décrites en 1979 par Kenneth D. Heil. Il faut aussi citer S. parviflorus var. blessingiae décrite par W. Earle en 1980, et qui correspond morphologiquement à S. intermedius (= S. parviflorus) observée quelques 30 années plus tôt (Peebles, 1949) au nord de l’Arizona, à proximité de Pipe Springs, comté de Mohave…

parviflorus0702a-2010-PipeSpringLa profusion de dénominations affectant le plus souvent l’espèce parviflorus en raison de sa variabilité ajoute certaines confusions avec l’espèce whipplei ssp. whipplei. L’aire de répartition de cette dernière est centrée sur le plateau de l’Arizona et du Nouveau-Mexique, qui se trouve dans l’immédiate continuité du plateau du Colorado. Nombre de secteurs où peut s’observer S. whipplei ssp. whipplei interfèrent naturellement plus ou moins avec les territoires où se rencontre S. parviflorus, laquelle est très présente autour de Four Corners, notamment au nord et nord-est de l’Arizona, mais beaucoup moins au Nouveau-Mexique. Dans son article Fieldnotes on Sclerocactus parviflorus (Cactaceae-Review IRT 3(2) 2000), Dave Ferguson indique que S. parviflorus peut être encore observée au Nouveau-Mexique au nord de la San Juan River et jusqu’à l’est de Shiprock, mais qu’elle est remplacée au-delà de la San Juan River, et plus au sud jusqu’à Lybrook, par S. whipplei ssp. heilii.

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