Sclerocactus parviflorus et intempéries, Utah

7 mai 2019, 8h du matin. Grand soleil et ciel bleu à l’est, mais nuages au sud-ouest toujours bien trop nombreux à mon goût pour que ce jour, comme les précédents, ne se termine pas entièrement sous les nuages et avec peut-être de la pluie. Il me faut donc profiter sans tarder de cette belle lumière matinale, ce qui m’incite à rouler un peu plus vite que d’habitude sur l’une des pistes en terre battue de la zone nord du San Rafael Desert en Utah. Je connais un peu cette piste pour l’avoir déjà emprunté. Assez roulante, elle ne compte que quelques passages moins rapides où affleure la caillasse.

Cette piste permet d’accéder à des sites abritant quelques beaux spécimens de Sclerocactus parviflorus à fleurs roses et longues épines blanches. Ces cactus sont éparpillés en petites colonies et je veux revoir ce matin la plus proche d’entre elles composée d’une vingtaine de spécimens tout au plus. Je ne l’ai pas revue depuis 2016. Comment a-t ‘elle évolué ? Avec un peu de chance, et si je me réfère à d’autres parviflorus rencontrés hier et avant-hier dans la proche région, ces cactées devraient être en fleur.

J’ai en mémoire l’environnement dans lequel se trouvent ces parviflorus. Ils sont disséminés sur un talus long d’une bonne centaine de mètres, versant ouest de la piste, talus peu élevé où affleure à mi-pente une rangée de rochers aux arêtes saillantes. Des spécimens âgés à tiges un peu hautes occupent plutôt le haut du talus, d’autres plus jeunes la partie basse. Mais, surprise, arrivé sur place, je n’aperçois aucun cactus et ne reconnais pas vraiment le paysage. Je roule lentement sur deux à trois cents mètres puis fais demi-tour avant de descendre du 4×4. Mes notes de 2016 sont pourtant formelles, je suis bien au bon endroit et je devrais déjà apercevoir quelques spécimens. Mais je ne vois rien.

Je remarque d’abord les traces de pneus de plusieurs véhicules qui ont quitté la piste pour monter sur ce talus et s’aventurer dans le paysage. Ce n’est jamais bon signe. Je m’éloigne du talus, marche une centaine de mètres en portant mon regard au loin et en imaginant confondre ce paysage avec un autre. Puis, revenant sur mes pas et bénéficiant alors d’une vue plus générale, je suis soudainement frappé par une évidence : la couleur grise du paysage. Tout y est gris : la piste, les à-côtés de celle-ci, le talus jusqu’à son sommet. Autre évidence : hormis quelques maigres buissons, il n’y a plus de végétation, aucune des herbes basses et graminées qui dans les paysages traversés par cette piste tapissent habituellement le sol.

Perplexe, je passe quelques minutes à arpenter ce talus, essayant de comprendre ce qui a bien pu se passer, lorsque mon œil est attiré par deux petites formes pointues, d’un jaune clair presque lumineux, qui semblent posées sur le sol.

Je découvre alors avec surprise et stupeur les deux boutons floraux d’un parviflorus dont la tige encore petite est presque entièrement recouverte par des débris végétaux mêlée à de la terre grisâtre et séchée. Ce cactus est d’autant moins repérable que son épiderme montre une teinte verte bleutée assez proche de la couleur plus grisâtre de la terre qui l’entoure et le recouvre presque totalement. Sa présence n’est donc trahie que par la seule couleur jaune claire de ses fragiles enveloppes florales que sont calices et corolles qui ne découvrent pas encore leur fleur. Et il faut être vraiment sur le cactus pour identifier les minces lignes blanches qui fusent autour de lui comme étant ses longues épines abaxiales.

En observant la surface du sol balafrée d’innombrables boursouflures et jonchée de débris végétaux mélangés à la terre séchée, j’imagine que des pluies torrentielles ont bouleversé le sol du haut de ce talus. Ces pluies ont transformé des pans de terre en coulées de boue, arrachant avec force la quasi-totalité de la végétation avant de recouvrir le paysage et obstruer la piste. Il y a là les conséquences d’intempéries très violentes mais aussi récentes au vu de la couche de terre et de débris qui recouvre encore ce cactus. Ce parviflorus est un rescapé.

Il ne sera pas le seul. Sur la vingtaine de spécimens dont j’avais noté la présence sur ce talus, je ne vais en retrouver que trois, ce qui est bien peu. Tous de petite taille, tous plus ou moins recouverts de terre, l’un plus meurtri que les deux autres en ayant notamment perdu quelques-unes de ces longues épines centrales abaxiales, mais tous porteurs de boutons floraux grâce auxquels il m’a été possible de les repérer. Je me suis dit en les photographiant que leurs fleurs à venir étaient quand même un beau message d’espoir.

Au moment de quitter ce qu’il restait de ce site, j’ai été tenté de nettoyer ces trois spécimens épargnés, ne serait-ce que sommairement et en utilisant une partie des quelques dix litres d’eau (potable) toujours rangés dans ma voiture lors de tous mes déplacements comme celui-ci en pleine nature. Mais j’ai pensé que ce n’était pas forcément leur rendre service. La terre dans laquelle ils se trouvaient montrait encore par endroits de grandes plaques d’humidité. Mon intervention allait de fait augmenter cette dernière autour d’eux et, surtout, en prolonger la durée, alors que vent et soleil s’employaient déjà à la réduire. Par ailleurs et bien qu’ils aient vécu un véritable cataclysme, ces cactus montraient précisément par leur floraison à venir qu’ils avaient échappé au pire. Je me suis donc abstenu de toute intervention. Poursuivant ma route, je me suis dit que la nature ferait bien mieux les choses que moi-même.

Il a plu un peu ce 7 mai 2019, sur le tard en fin d’après-midi, une pluie sans orage, une pluie fine et bienvenue propre à débourber plus encore ces parviflorus afin qu’ils retrouvent peu à peu fière allure et que la teinte rose soutenu de leurs fleurs vienne enfin égailler toute cette grisaille. La vie continue !

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Sclerocactus parviflorus sur sols cryptobiotiques

Le plus vaste des Parcs Nationaux de l’Utah est Canyonlands. Divisé en trois principales zones géographiques appelées districts, l’Île dans le ciel (Island in the Sky), les Aiguilles (The Needles) et le Labyrinthe (The Maze), il offre une multitude de sentiers de randonnées dans des paysages inoubliables et au milieu d’une végétation semi-désertique riche en cactées, en particulier des Sclerocactus parviflorus. De toutes mes randonnées effectuées en 2002 dans Canyonlands, celle m’ayant conduit aux aiguilles de grès colorées du Chesler Park m’avait permis d’en observer le plus grand nombre [à noter que mes photographies diapositives (argentiques) de l’année 2002 ont mal vieilli et que leur numérisation effectuée pourtant avec soin n’a pas permis d’en améliorer la qualité. Pardon auprès des internautes].

Les spécimens rencontrés étaient d’assez belle taille et montraient des couvertures d’épines fournies et spectaculaires. Presque toutes leurs épines centrales avaient la particularité d’être d’une couleur très claire, blanchâtre à ivoire, proche de la couleur toujours blanche de leurs épines radiales. Sur une terre sablonneuse souvent ocre, parfois rougeâtre à brunâtre, leur couleur accrochait la lumière et me permettait de repérer ces parviflorus de loin comme autant de précieuses balises facilitant mes découvertes.

Les spécimens que je rencontrais avaient aussi pour particularité de porter une épine centrale abaxiale assez longue qui dépassait les 6 cm sur les spécimens les plus gros. En formant une ligne doucement arquée, parfois légèrement torsadée, qui soulignait sa grande longueur, cette épine centrale s’imposait au premier regard. Elle était terminée par une pointe en hameçon de teinte brunâtre. C’étaient des spécimens qu’une impérieuse envie me poussait à voir de près. Mais j’avais des difficultés à les approcher, car nombre d’entre eux se trouvaient installés au beau milieu d’un sol couvert de croûtes cryptobiotiques.

Je me souviens que, depuis les années 1980/1990, les visiteurs et les randonneurs des Grands Parcs Nationaux de l’Ouest Américain étaient alertés sur la nécessaire préservation à apporter à ces sols et à leur encroûtement. Et j’avais pris connaissance de ce qu’ils pouvaient réellement signifier, biologiquement parlant, en lisant les articles vulgarisateurs de quelques-unes des brochures gratuites alors distribuées dans ces Parcs, telle celle de l’année 1990, intitulée From the Canyons et publiée par l’Association d’Histoire Naturelle de Canyonlands.

Les croûtes cryptogamiques se rencontrent sur tous les continents et plus particulièrement sur les terres arides et semi-arides. Elles couvrent notamment un pourcentage élevé de la surface des sols du vaste Plateau du Colorado et du désert du Grand Bassin, habitats des Sclerocactus, et aussi du désert de Sonora.

Ainsi lorsqu’on marche en pleine nature – en particulier à la recherche de spécimens de Sclerocactus –, il arrive immanquablement que l’on se trouve face à ce type de sols dont la surface, devenue le plus souvent grisâtre à noirâtre, apparaît curieusement bouleversée et crevassée. En l’examinant de près, on découvre qu’elle est constituée d’une multitude de formations architecturales miniatures et extravagantes, promontoires et presqu’îles à peine ébauchées, amorces de colonnades, cônes et pyramides dont les sommets, tels des pinacles, sont couronnés de croûtes sombres à la fois solides et fragiles, les croûtes cryptobiotiques. 

Ces croûtes sont constituées essentiellement d’organismes non vasculaires qui forment ensemble un univers très complexe. S’y rencontrent principalement des cyanobactéries, des mousses, des lichens ou encore de minuscules champignons. Tous ces organismes vivent, se déplacent et meurent sur le sol. Ils y laissent nombre de particules, fibres et déchets, des matériaux qui vont très vite s’amonceler, se coller les uns aux autres, puis durcir en adhérant au sol. Ce qui a pour effet premier d’en consolider la surface et d’en réduire considérablement l’érosion tant hydrique qu’éolienne. Mais tous ces matériaux participent aussi à la régénération du sol. Sa fertilité va s’en trouver augmentée, de même que son hydratation. Ces matériaux sont en effet capables d’absorber et de retenir près de dix fois leur volume en eau pour la redistribuer lentement dès lors que la terre s’assèche. Autant d’éléments qui expliquent que les plantes poussant sur ce type de sols cryptobiotiques bénéficient d’un niveau important de nutriments.

Mais cet encroûtement ne résiste malheureusement pas à la compression. Une fois perturbé ou écrasé, notamment sous les pas des randonneurs, sa reconstitution va nécessiter plusieurs années. Dès lors, il convient d’être respectueux en n’y marchant pas dessus !

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Sclerocactus parviflorus « terrae-canyonae »

La photographie ci-dessus a été prise le 25 avril 2009 dans le comté de San Juan en Utah, le long d’une piste longue de 19 kms conduisant aux rives de la rivière San Juan. Bien qu’un peu sinueuse et agrémentée de nombreux dos d’âne, c’est une piste sans obstacle et roulante. Elle longe les Red House Cliffs qui dominent un paysage plat et désertique, d’une couleur uniforme rouge orangée. Ce jour-là, le vent du nord soulevait une fine poussière qui venait colorer les moindres recoins de mes vêtements et de mon véhicule.

J’ai aperçu ces spécimens de Sclerocactus de loin car leurs tiges s’élevaient nettement du sol. Il s’agissait bien de terrae-canyonae caractérisés par leurs fleurs de couleur jaune que le vent froid n’avait pas empêché de s’ouvrir assez largement. Ces spécimens étaient tous âgés compte tenu de la taille des tiges. Je me souviens avoir été étonné de les trouver disséminés dans ce paysage sans relief, en léger contrebas de la piste, alors que je les recherchais de l’autre côté de celle-ci, au plus près des Red House Cliffs.

Les Sclerocactus parviflorus « terrae-canyonae »seraient de lointains hybrides entre Sclerocactus parviflorus et Sclerocactus whipplei. L’appellation Sclerocactus terrae-canyonae apparait en 1979 avec une première description du botaniste Kenneth D. Heil dans la revue Cactus and Succulent Journal (Los Angeles), 51 :25-30. En 1994, Sclerocactus terrae-canyonae devient Sclerocactus parviflorus ssp. terrae-canyonae dans un nouvel article de Kenneth D. Heil et J. Mark Porter, « Sclerocactus (Cactaceae) : a revision », article publié dans la revue Haseltonia, 2 :20-46. Plus de dix ans plus tard, la nomenclature de David Hunt (The New Cactus Lexicon, 2006) considère toujours ces spécimens comme une sous-espèce de parviflorus. Mais aujourd’hui, pour un grand nombre de botanistes, terrae-canyonae ne devrait pas être une appellation, ni même un taxon. Avec la meilleure compréhension que l’on a du genre Sclerocactus et la connaissance de la grande variabilité de son espèce parviflorus dontl’aire de répartition est très vaste, les spécimens de terrae-canyonae sont considérés comme une simple population de parviflorus.

Les parviflorus montrant des fleurs jaunes n’ont rien d’exceptionnel en Utah. Avant la construction du barrage de Glen Canyon qui amena la création du lac Powell, ils étaient très nombreux sur le plateau Rainbow, dans la Réserve Indienne Navajo. De très nombreux spécimens, non seulement à fleurs jaunes mais également à fleurs blanches ou roses blanchâtres, se répartissaient dans les zones les plus basses du Glen Canyon et de ses canyons secondaires. Tous ces spécimens ont été noyés sous les eaux du barrage. Et le lac Powell est un immense plan d’eau. Au regard du passé, il ne reste donc que peu d’exemplaires dont le nombre, de plus, a toujours été réduit dès que l’on quittait les zones basses de ces canyons.

Sur le site efloras.org, le nom terrae-canyonae n’apparaît que dans l’historique des descriptions qui ont concerné au fil du temps l’espèce parviflorus. Les fleurs de ces parviflorus y sont décrites succinctement : forme en entonnoir ou en clochette, pétales avec une bande médiane verdâtre à brunâtre et des marges de couleur rose à pourpre, jaune ou blanche. La couleur rose à pourpre est la plus souvent rencontrée, plus rarement la couleur blanche ou jaune. Jamais très vive, la couleur jaune de ces terrae-canyonae est bien différente de la couleur crème ou ivoire, parfois jaune blanchâtre, des Sclerocactus whipplei. L’aire de répartition de ceswhippleiest aussi différente. Hormis donc la couleur de leurs fleurs, la morphologie des tiges et des côtes de ces terrae-canyonae et, plus encore, leur couverture d’épines, s’apparentent à celles de l’espèce parviflorus.

Comme les parviflorus, ces terrae-canyonae sont des cactées de grande taille au sein du genre Sclerocactus (stricto sensu). Les tiges des spécimens âgés peuvent atteindre 40 à 50 cm de hauteur pour près de 15 cm de diamètre. La photographie ci-dessus montre un spécimen observé à Fry Canyon (Utah), bien protégé sous les rameaux d’un genévrier vieillissant, et dont la tige mesurait plus de 45 cm de longueur (ce qui n’est qu’une estimation compte tenu de la difficulté à l’approcher et à en mesurer correctement la longueur de tige !).

Ces spécimens à fleurs jaunes ont une répartition limitée à l’extrême sud-est de l’Utah, dans le comté de San Juan, ainsi qu’à l’extrême nord des comtés de Coconino et de Navajo, en Arizona, comtés qui sont en frontière avec l’Utah. En Utah, ils se rencontrent entre 1800 et 2300 mètres d’altitude, depuis l’environnement du Natural Bridges National Monument (concentration de ponts naturels de pierre creusés par l’érosion de l’eau, dont certains mesurent 60 à 80 mètres et sont parmi les plus longs rencontrés sur la planète) jusqu’aux rives sud de la rivière San Juan, au-delà de sa confluence avec la rivière Colorado. Les plus nombreux s’observent au nord de cette zone, particulièrement dans le secteur de Fry Canyon situé à seulement une douzaine de kilomètres à l’ouest du Natural Bridges National Monument.

Pour une description plus complète et technique, on pourra se rendre sur le site de Flora of North America.

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Sclerocactus parviflorus, Arizona Strip, Arizona

Le 30 avril 2012 en Utah, je découvrais à Fry Canyon, à proximité du motel du même nom, un spécimen de Sclerocactus parviflorus d’une taille inhabituelle. Encore aujourd’hui, ce spécimen me semble avoir été le parviflorus avec la plus haute tige qu’il m’a été donné d’observer dans la nature. Une tige haute de 40 cm au moins sinon plus, tant il était difficile de mesurer correctement cette hauteur. Il était bien caché et difficile d’accès sous les rameaux desséchés d’un antique genévrier. Photographié ci-dessous, ce spécimen poussait près du croisement de la route 95 et de la piste en terre battue menant au Red Rock Plateau. Il était l’un des très nombreux « terrae-canyonae » à fleurs jaune que l’on rencontre autour de Fry Canyon et le long de la Wingate Mesa. parvif-2012-0817

Je suis repassé à Fry Canyon en avril 2016. Ce « terrae-canyonae » remarquable n’existe plus. La route 95 et ses accotements ont fait l’objet de travaux de réfection et les proches abords du motel où poussait ce spécimen avec d’autres exemplaires ont été également « nettoyés ». Le sol est désormais raclé sur plusieurs dizaines de mètres et il n’y a plus rien à voir, sauf à emprunter les rares sentiers qui partent de cette route 95 et à y découvrir d’autres parviflorus mais de taille bien moindre.

Avec cette disparition, les autres spécimens de parviflorus montrant les plus hautes tiges qu’il m’a été donné de voir dans la nature ont été rencontrés en mai 2014 dans le parc de Canyonlands, le long de la route menant au point de confluence (Confluence Overlook) des rivières Colorado et Green. Des tiges qui mesuraient entre 30 et 35 cm de hauteur. En Arizona, en Utah, au Colorado ou au Nouveau-Mexique, et parce qu’il s’agit de l’espèce de Sclerocactus la plus répandue, les spécimens de parviflorus de grande taille ne sont pas rares. Les hauteurs de tiges de 25, 30, 35 cm s’accompagnent le plus souvent de diamètres de tiges supérieures à 10 cm (des diamètres qui peuvent atteindre 14,5 cm selon Flora of North America). parvif-2014-1251w

Dans le genre Sclerocactus (stricto sensu), seules les espèces parviflorus et polyancistrus montrent les plus hautes tiges, susceptibles d’atteindre 40 à 45 cm. Les tiges de l’espèce cloverae avoisinent tout au plus les 20 à 25 cm. Viennent ensuite les tiges des espèces blainei et spinosior dont les spécimens âgés peuvent mesurer de 15 à 20 cm de hauteur. Toutes les autres espèces du genre présentent des hauteurs maximales de tiges inférieures à 15 cm.

Curieusement, c’est au cours de ce même périple 2016, quelques jours après la triste découverte de la disparition de ce vénérable parviflorus, que j’ai pu en voir d’autres d’assez grande taille. Le 27 avril précisément, le long de la frontière entre Utah et Arizona. J’étais allé ce jour-là à la rencontre de personnes autochtones des Réserves Indiennes situées aux environs de Page et de Kanab/Fredonia. Je souhaitais rencontrer des botanistes ou des responsables de ressources naturelles dans l’espoir qu’ils me guident et m’aident à trouver de beaux spécimens de Sclerocactus au sein de leurs territoires dont l’accès peut être limité.

Le fait qu’un étranger vienne à leur rencontre à propos de cactées présentes sur leurs terres avait de quoi les surprendre. Qu’il leur montre, en plus, son site internet consacré à ces cactées ne pouvait que les intéresser. J’ai été partout bien reçu et écouté, avec bienveillance et attention, et je les en remercie une fois encore. Grâce à eux, j’ai découvert quelques spécimens de parviflorus auxquels personne ne portait plus attention. Après avoir emprunté des pistes improbables et chaotiques, je pouvais ainsi observer aux alentours de Fredonia, sur les pentes d’une petite colline à la végétation très clairsemée, deux spécimens de parviflorus à fleurs rose. Des parviflorus déjà de grande taille et de fort diamètre. parvif-2016-1380w

Le plus gros et le plus grand de ces spécimens mesurait, hors épines, près de 25 cm de hauteur pour presque 12 cm de diamètre. C’était un très beau spécimen. Il portait douze boutons floraux. Les premières fleurs commençaient à s’épanouir, mais bien timidement car ce 27 avril était une journée sans soleil. Un ciel triste et grisâtre, d’une couleur presque aussi sombre que celle de la terre dans laquelle poussait ce cactus. Le second, à la tige haute de 21 cm, mais d’un diamètre de presque 12 cm lui aussi, portait moins d’une dizaine de boutons floraux encore à s’épanouir. Ces deux spécimens avaient peut-être 25 à 30 ans d’âge et j’étais un peu désespéré de devoir les photographier sans soleil. Malgré cela, ce 27 avril allait rester une journée d’heureuses et instructives découvertes. parvif-2016-1383w

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Sclerocactus sileri, Coconino Co., Arizona

Pour espérer découvrir des spécimens de Sclerocactus sileri, il faut d’abord « voir rouge ». Nous parlons ici de substrat, de sol, et aussi de paysage. Parce que cette cactée se cache parmi les spectaculaires et très vastes paysages du Monument National des Collines Vermillon en Arizona (Vermilion Cliffs National Monument). C’est le seul milieu naturel qu’on lui connaisse, au sein de la longue bande de terre semi désertique appelée Arizona Strip qui fait frontière avec l’Utah. Sileri-1098-2015

Les collines qui donnent leur nom à ce parc se caractérisent principalement par des falaises qui font apparaître différentes couches géologiques sédimentaires très fortement colorées. Selon la lumière et la couleur du ciel, ces collines et leurs falaises y montrent une extraordinaire palette de teintes rougeâtres à orangées (oxyde de fer et autres minéraux). Si la pierre et la roche portent les teintes et les nuances les plus intenses, les plus flamboyantes, elles laissent des ocres teintés de rouge, de rose et de grenat à la terre et aux nombreuses poches de sable disséminées çà et là dans les moindres recoins du paysage. C’est dans ces poches de sable que poussent préférentiellement les Sclerocactus sileri.

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On remarque que la grande majorité de ces spécimens se trouve installée à proximité immédiate de roches massives qui affleurent au-dessus du sol comme autant de vagues figées. Ces roches sont d’origine sédimentaire et proviennent de vastes dunes qui caractérisaient une partie du sud-ouest des Etats-Unis il y a de 180 à 60 millions d’années. Le sable de ces dunes s’est peu à peu cimenté en se mélangeant avec du limon et divers sédiments pour former un matériau dur. Ces roches sont très érodées et ont pris des formes douces, mais leur surface demeure toujours un peu granuleuse.

Sileri-1131-2015Dans cette roche, de très nombreux creusets, petits ou grands, ont été formés par l’érosion, creusets dans lesquels viennent s’accumuler les particules les plus fines de cette érosion, petits graviers, sables et limons. Même s’ils sont de dimension réduite, ces creusets, ces poches, sont des emplacements privilégiés pour les plantes car s’y forme une structure complexe et fertile qui a aussi la particularité de conserver un peu plus longtemps une humidité qui peut être bienfaitrice. L’ensemble donne parfois l’impression que ces cactées poussent sur de la roche mais, en fait, elles poussent dans un véritable substrat qui, lui, repose sur la pierre, mais sans bénéficier toujours d’une grande profondeur.

Parmi les spécimens adultes de Sclerocactus sileri (plus d’une vingtaine) observés en date du 1er mai 2015, certains avaient leur tige en partie recouverte de sable pur dont la granulométrie peut être appréciée en cliquant sur la photographie ci-dessus à droite. Pour un certain nombre de sileri, le haut de tige émergeant du sable ne dépassait pas, hors épines, les 3 à 4 cm de hauteur. Mais d’autres spécimens avaient une tige plus apparente qui dévoilait sa forme habituellement ovoïde. Tous ces spécimens montraient une panoplie d’épines (radiales et centrales) blanchâtres ou légèrement grisâtres offrant parfois quelques reflets argentées. Sileri-0990-2015

Au niveau de l’apex, les jeunes épines centrales étaient souvent de couleur très sombre alors que l’épine centrale supérieure montrait plus souvent une couleur ocre ou blanchâtre. La structure de ces nouvelles épines se déshydrate cependant rapidement et les teintes sombres qu’elles peuvent avoir à leur stade juvénile disparaissent très vite pour être remplacées par des couleurs proches de l’ambre ou plus nettement blanchâtres. Les épines radiales sont toujours de couleur blanche.

Un spécimen en particulier a attiré notre attention : un très bel exemplaire à deux têtes (tiges). La plante âgée, installée dans une vaste poche de sable pur, s’étalait sur une longueur d’environ 13 cm hors épines. Les deux tiges avaient un même diamètre proche de 7 cm pour une hauteur chacune de l’ordre de 5 cm toujours hors épines. La plante était en train de terminer sa floraison (7 à 6 fleurs sur chaque tige). Une seule et dernière fleur en forme de clochette, pétales blanc rosé avec un cœur jaunâtre, était encore ouverte au sommet de l’une de ses tiges (plus de détails : Traits caractéristiques, espèce par espèce : Sclerocactus sileri). Sileri-1005-2015

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Sclerocactus pubispinus, Snake Range, Nevada

La photographie ci-dessous a été prise le 6 mai 2013 le long de la Snake Range road, une piste en terre battue qui serpente au pied du versant sud de la petite chaîne montagneuse du même nom. Une piste peu empierrée et sinueuse avant de devenir plus difficile pour tous les véhicules à moteur dès que sont abordées les premières pentes. On est au Nevada, à moins de 10 kms de la frontière avec l’Utah, entre 1780 et 1800 m d’altitude. Pubispinus0931-2011

Ce Sclerocactus pubispinus photographié est un spécimen tout juste adulte. La tige ne porte encore que des épines centrales et radiales toutes de couleur blanche. Au state adulte, ces épines centrales sont au nombre total de quatre à six. A l’exception de l’une d’entre elle, elles sont terminées par une pointe crochue et prennent progressivement avec le temps une couleur brune à rougeâtre. Sont concernées par cette modification de couleur les deux (ou quatre) épines centrales latérales, longues de 1 à 3 cm, ainsi que l’épine centrale érigée perpendiculairement à la tige. Cette dernière est la plus longue de toutes et peut atteindre 6 cm. Elle a une pointe crochue et peut montrer une couleur plus foncée que celle des autres centrales, presque noire parfois sur les spécimens les plus âgés (voir la page Sclerocactus pubispinus, Baker, Nevada).

Pubispinus0934-2011La seule épine centrale à conserver sa couleur initiale blanche, avec une pointe parfois brunâtre, est celle qui est la plus érigée et pointe toujours vers le sommet de la tige, en direction de l’apex. C’est une épine qui se distingue nettement des autres. A la différence des autres épines centrales qui sont de section ronde, cette épine blanche montre une section aplatie large de 2 à 2,5 millimètres. Les épines radiales, de couleur blanche comme celles que l’on observe sur la photographie, sont au nombre habituellement de 6 à 8, parfois 11 sur les spécimens les plus âgés.

La rencontre avec ces spécimens ce 6 mai 2013 a été une petite surprise, car je n’imaginais pas trouver des pubispinus installés et prospérer dans un sol aussi brassé et bouleversé que celui-ci. Il y avait là autant de spécimens matures que juvéniles. Les photographies prises à cet endroit tentent de restituer l’aspect très surprenant montré par ce mélange terreux. D’une manière générale, j’aime à photographier ces cactées dans leur entier afin qu’il soit aussi possible d’apprécier la matière du sol sur laquelle elles se trouvent. La photographie ci-dessous montre encore mieux le « pudding » constitué d’alluvions diverses dans lequel étaient installées ces cactées. Une terre encombrée de débris rocheux de toute taille, une terre crevassée par les pluies et sans doute aussi par la fonte des neiges. Mais si on élimine les débris de roches d’une poignée de cette terre prise tout à côté d’un spécimen, on a tôt fait de constater la légèreté et la finesse parfois extrêmes de ce substrat. Pubispinus0854-2011

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Archives Pages

Vous trouverez ci-dessous la liste des premières pages publiées sur le site depuis sa création (mise en ligne du site en date du 16 décembre 2014).

Sclerocactus polyancistrus, Rhyolite, Nevada
Sclerocactus wetlandicus, Ouray, Utah
Sclerocactus parviflorus, Fremont Junction, Utah
Sclerocactus polyancistrus, Nivloc Road, Nevada
Glass Mountain et Sclerocactus wrightiae
Sclerocactus parviflorus, Valley of the Gods, Utah
Sclerocactus parviflorus, Pipe Springs, Arizona
Sclerocactus pubispinus, Snake Range, Nevada
Sclerocactus parviflorus, Hite, Utah
Sclerocactus spinosior ssp. blainei, Railroad Valley, Nevada
Sclerocactus wrightiae, Mussentuchit Wash, Utah
Sclerocactus sileri, Vermilion Cliffs Nat. Mon, Arizona
Sclerocactus parviflorus, Arizona Strip, Arizona
Sclerocactus parviflorus « terrae-canyonae », Red House Cliffs, Utah
Sclerocactus wrightiae, San Rafael Swell, Utah
Sclerocactus polyancistrus, Monts Monte Cristo, Nevada
Sclerocactus parviflorus sur sols cryptobiotiques
Sclerocactus parviflorus et intempéries, Utah

 

Sclerocactus parviflorus, Hite, Utah

La route 95 qui relie les petites villes de Hanksville et de Blanding est d’importance pour qui voyage dans le sud-est de l’Utah. Longue de 195 km, elle comporte au sein d’un vaste périmètre le seul pont routier qui enjambe la rivière Colorado. Les autres ponts sont, l’un à près de 200 km de distance au nord-est, l’autre à 300 km plus au sud.

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Cette route 95 est classée parmi les scenic road et Trail of the Ancient, c’est-à-dire routes dites panoramiques et routes à thèmes qui permettent tout en traversant de spectaculaires paysages de découvrir des sites culturels et emblématiques de l’histoire des premiers Amérindiens. En venant du nord, depuis Hanksville et après une multitude de virages au milieu d’étonnantes formations rocheuses, elle enjambe via un pont métallique la rivière Colorado à Hite, à l’extrémité nord-est du Lake Powell. Et la descente sur Hite est toujours spectaculaire avec sur le dernier mile le fameux pont métallique en ligne de mire… Rte95Hite-299-2009Hite a fait partie des bourgades minières qui s’établissaient spontanément dès la découverte d’un précieux minerai. Elle fut fondée par le prospecteur Cass Hite qui avait trouvé de l’or en 1883 dans les sables et les graviers le long du Colorado. Tout près de son filon, il avait aussi découvert le meilleur endroit possible permettant de traverser à gué le Colorado car, jusqu’alors, cette rivière représentait dans ce secteur une barrière presque infranchissable à l’homme et à la circulation des marchandises et des troupeaux. Grâce à ce point de passage et avec un bureau de poste ouvert en 1889, Hite compta jusqu’à 200 habitants au tout début des années 1920.

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Puis la recherche de l’or fut abandonnée, remplacée un temps par l’extraction de minerai d’uranium. Le passage à gué du Colorado fut lui aussi abandonné, remplacé en 1946 par un ferry qui fonctionna jusqu’en 1964 lorsque la bourgade de Hite, devenue ville fantôme, et ses environs se trouvèrent submergés par la création du lac Powell.

Les très beaux et âpres paysages que traverse cette route, notamment à l’approche de la rivière Colorado, montrent presque sans interruption des formations rocheuses faite d’un grès rouge à orangé. La végétation est éparse, l’air très sec. La route toute en virages chemine à travers la roche presque omniprésente. Il faut s’aventurer à l’écart de cette route lorsque des pistes ou des chemins se présentent pour trouver quelques zones de végétation plus fournies.ScleroParvifHite-222-2009

ScleroParvifHite-220-2009On est dans la zone de répartition de Sclerocactus parviflorus et on trouve des spécimens presque toujours solitaires, là où terre et sable ont pu s’accumuler. Mais de part et d’autre du pont métallique qui enjambe le Colorado, le rocher est presque omniprésent et les plantes sont beaucoup plus rares. Il est vraisemblable que bon nombre de ces cactées ont été submergées lors de la création de ce lac Powell.

Il faut s’aventurer aux abords du White Canyon tout proche, entre 1200 et 1600 m d’altitude, là où la roche et le sol perdent leur couleur rougeâtre pour trouver à nouveau ces parviflorus à fleurs roses. Vers le sud, la route 95 longe la Wingate Mesa pour piquer vers Fry Canyon, là où peuvent s’observer de nombreux spécimens de Sclerocactus parviflorus ssp. terrae canyonae qui, eux, se caractérisent par une fleur de couleur jaune pâle.

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Glass Mountain et Sclerocactus wrightiae

Le Parc National de Capitol Reef en Utah, fondé en 1937, a pour objet principal de préserver un phénomène géologique impressionnant, un soulèvement de roches s’étirant sur une distance d’environ 160 km dans le centre-est de l’Utah. Constituée de nombreuses couches de roches sédimentaires, la croûte terrestre s’est déformée et a produit un gigantesque plissement à la suite de la poussée verticale du Plateau du Colorado. Ce plissement de la croûte terrestre est appelé le Waterpocket FoldWrightiae-1228-2010

Ce parc est un terrain de prédilection non seulement pour les géologues, mais peut-être plus encore pour les peintres et les photographes. La nature y est exceptionnellement belle, surprenante, haute en couleurs. C’est dans ses parties nord et nord-est que ce parc abrite un ensemble de paysages parmi les plus spectaculaires, des falaises multicolores, d’étroits canyons, mais aussi d’impressionnants monolithes de pierre rouge orangée. Ils sont si volumineux et si finement découpés qu’ils ressemblent à des cathédrales de pierre, d’où le nom donnée à la vallée où ils se trouvent, Cathedral Valley.Temple-Moon-1237-2010

Deux accès permettent d’atteindre cette vallée. Le plus spectaculaire en diversité de paysages est celui partant de la route 24 qui traverse d’est en ouest le parc de Capitol Reef. Cette route tout juste quittée pour une piste en terre battue, il faut d’abord traverser à gué la rivière Ford (véhicule 4×4 obligatoire, il n’y a pas de pont !), puis longer d’étonnantes et interminables collines de bentonite, s’aventurer ensuite dans le très beau et vaste secteur du Harnet avant d’atteindre l’immense territoire de Cathedral Valley. Deux des plus grands monolithes-cathédrales sont le Temple du Soleil et le Temple de la Lune. Ces monolithes sont constitués de grès à grains fins (sandstone) et d’argile dont la couleur rouge à rouge-orangée a pour simple origine des minéraux contenant du fer.
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A proximité du Temple du Soleil, on peut faire le tour de la surprenante Glass Mountain. Il s’agit d’un monticule de gypse (sulfate de calcium hydraté) qui s’est formé sous plusieurs couches de sédiments il y a près de 165 millions d’années. On estime que ce gypse étant peu soluble au contact de l’eau a été véhiculé par l’eau sous-terraine pour former à la longue cette masse compacte. Une masse que l’érosion des sédiments très friables contenus dans la vallée a fini par découvrir.

Ce monticule qui avoisine les 15 mètres de hauteur se découvre toujours avec étonnement. A quelques dizaines de mètres de distance, sa forme et surtout sa couleur peuvent faire penser à un improbable dépôt de canettes de sodas en aluminium dont les décorations auraient été décapées par les intempéries et la lumière. La roche ne s’offre véritablement au regard que lorsque elle se trouve à portée de mains, sous la forme d’étonnants feuillets plus ou moins cristallins imbriqués les uns dans les autres.

Et non loin de Glass Mountain, disséminés au gré des enfilades de falaises, de dômes, de canyons et de monolithes, entre 1400 et 1600 m d’altitude, il n’est pas rare de découvrir quelques spécimens de Sclerocactus wrightiae. On est ici dans la zone de répartition de l’espèce. Tous ces spécimens sont installés sur des sols le plus souvent plats ou très faiblement vallonnés, sablonneux et à fine texture, à découvert.

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Sclerocactus spinosior ssp. blainei, Railroad Valley, Nevada

Située dans une zone géographique quasi déserte de la moitié sud du Nevada, orientée est-ouest sur près de 200 kms à une altitude voisine de 1600 m, l’immense vallée de Railroad est traversée par la route nationale 6 qui relie les villes d’importance de Tonopah et de Ely. Jusqu’à la fin des années 1970, cette vallée et ses environs n’avaient pas encore été totalement explorés botaniquement.

C’est en juin 1980 que des équipes de botanistes de la Brigham Young University de Provo conduisent des recherches dans deux secteurs encore peu explorés du comté de Nye, cette vallée de Railroad d’une part et les vallées de Ralston et de Hot Creek d’autre part. Ils découvrent dans cette vallée de Railroad un petit nombre de cactées qui sont décrites pour la première fois en 1985 (Great Basin Naturalist, vol 45) sous le nom de Sclerocactus blainei (Sclerocactus spinosior ssp. blainei selon la nomenclature Lexicon, 2006, de David Hunt). (Histoire du genre Sclerocactus stricto sensu, période 1980-2000). Railroad-Valley-0689-2012

Chaque fois qu’il m’arrive d’emprunter cette route 6, de longer les austères paysages de Lunar Crater Volcanic Field et de retrouver le hameau de Currant, le souvenir resurgi des mauvaises surprises survenues en 2011 au cours de nos recherches de Sclerocactus. A l’époque nous y arrivions pourtant avec des informations précises. Elles devaient nous permettre de découvrir sur un périmètre limité quelques exemplaires de Sclerocactus spinosior ssp. blainei… Nous n’avons trouvé à l’emplacement que devaient occuper les plantes que des trous à peine comblés et camouflés… Les spécimens avaient disparu ! Face à un tel spectacle, notre déception avait été grande mais aussi notre colère contre ce type de larcin exécrable qui met véritablement en danger n’importe quelle espèce végétale peu répandue…

blainei-1448-2012Par la suite, c’est loin de Currant que nous allions découvrir nos premiers S. spinosior ssp. blainei. De petites cactées réellement surprenantes montrant une couverture dense d’épines de différentes couleurs. Blanches pour les épines radiales, rougeâtres à brunâtres ou noires ou encore blanches pour les épines centrales. Epines centrales souvent longues jusqu’à 5 cm (c’est long pour une cactée adulte dont la tige, hors épines, atteint tout juste 10 cm de hauteur !) , les unes terminées par une pointe crochue en forme d’hameçon, les autres torsadées comme peut l’être un ruban sur la quasi-totalité de leur longueur. Une couverture d’épines réellement spectaculaire, parfois exubérante, extravagante, selon les spécimens… Et grâce à cette couverture d’épines et à la configuration très particulière de certaines d’entre elles, ce sont de petites cactées remarquablement camouflées parmi les herbes basses… blainei-0654-2013

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