Sclerocactus parviflorus, San Rafael Swell, Utah

La photographie ci-dessous a été prise le 6 mai 2014 dans le San Rafael Swell, une vaste zone désertique située au centre-ouest de l’Utah. Je me souviens avoir ressenti l’impérieux besoin de photographier ce paysage, sans même consacrer quelques secondes à parfaire son cadrage, tant l’espace qu’il représentait, par sa beauté et sa sérénité mais plus encore par sa simplicité et sa profondeur, illustrait de superbe façon le San Rafael Swell.

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J’avais sous les yeux le profil type de cet espace désertique. C’est-à-dire, une sorte de plateau composé de roches stratifiées, grès, schistes et calcaires, relativement plat dans sa partie centrale, mais accidenté principalement sur ses versants sud et sud-est avec sommets, mesas, buttes, gorges et canyons (San Rafael Reef). Géologiquement parlant, un espace de 120 kms de long sur 64 de large résultant d’un soulèvement de roches apparu il y a 60 à 40 millions d’années et s’érodant peu à peu à la suite de multiples bouleversements.

Sur cette photographie, tout s’y retrouve en perspective « immensément » petit, réduit, à l’image de la découpe sur l’horizon de quelques sommets : le San Rafael Knob, 2414 mètres d’altitude, point culminant de ce désert de San Rafael, mais aussi Block Mountain, 2263 m, Square Top, 2258 m, Head of Sinbad, 2175 m. Des sommets tous situés à une quarantaine de kilomètres à vol d’oiseau du lieu de la prise de vue.

Et au tout premier plan, sur un sol aussi lumineux que le bleu du ciel, un cactus, Sclerocactus parviflorus, qui plus est, en fleur ! Spécimen solitaire aussi beau que fragile. A bien regarder l’image, on peut noter qu’il est installé sur une portion de terrain légèrement en pente, celle-ci conduisant à des méandres encore à peine esquissés sur le sol et où s’écoule le trop plein d’eau des orages. Des méandres que la force de l’eau creusera et élargira au fil des années pour former le lit de l’un de ces cours d’eau temporaires souvent rencontrés dans les régions désertiques et qui portent les noms de wash ou d’arroyo.

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Bien que ce territoire soit aride, on y dénombre plusieurs zones de végétation qui s’étalent entre 1280 et 2400 mètres. Depuis les zones les plus basses formées de dunes, en passant par les zones de broussailles éparses sur sols alcalins et argileux, sols les plus répandus, jusqu’aux zones de pins pignon et de genévriers aux plus hautes altitudes. Outre Sclerocactus parviflorus, on y rencontre aussi Sclerocactus wrightiae qui est une espèce endémique du San Rafel Swell. Les spécimens de cette espèce s’observent toutefois en plus grand nombre plus au sud encore, au-delà des montagnes présentes sur l’horizon. triglochidiatus1511-2014

Curieusement, les espèces de cactées présentes dans le San Rafael Swell ne sont pas nombreuses. Pas même une dizaine. Avec les deux espèces rares et endémiques de ce désert que sont Pediocactus despanii et Sclerocactus wrightiae, on peut y voir des (inévitables) Opuntia erinacea, polyacantha et basilaris, de même que (inévitables eux aussi) des Escobaria vivipara. Sans oublier des Echinocereus triglochidiatus (ssp. melanacanthus) assez largement répandus, et des Sclerocactus parviflorus. On peut aussi y trouver en altitude de rares Pediocactus simpsonii.

escob-vivip-778-2009Quelques-unes de ces espèces ne vont se rencontrer que dans une seule zone de végétation, par exemple Pediocactus despanii, Pediocactus simpsonii et Escobaria vivipara dans celle des pins pignon et des genévriers entre 1750 et 2400 mètres. Les Sclerocactus parviflorus vont se rencontrer entre 1500 et 2100 mètres et les Sclerocactus wrightiae depuis 1700 mètres jusqu’aux plus basses altitudes, à l’exclusion des zones où dominent les sols sablonneux et les dunes.

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