Pour espérer découvrir des spécimens de Sclerocactus sileri, il faut d’abord « voir rouge ». Nous parlons ici de substrat, de sol, et aussi de paysage. Parce que cette cactée se cache parmi les spectaculaires et très vastes paysages du Monument National des Collines Vermillon en Arizona (Vermilion Cliffs National Monument). C’est le seul milieu naturel qu’on lui connaisse, au sein de la longue bande de terre semi désertique appelée Arizona Strip qui fait frontière avec l’Utah.
Les collines qui donnent leur nom à ce parc se caractérisent principalement par des falaises qui font apparaître différentes couches géologiques sédimentaires très fortement colorées. Selon la lumière et la couleur du ciel, ces collines et leurs falaises y montrent une extraordinaire palette de teintes rougeâtres à orangées (oxyde de fer et autres minéraux). Si la pierre et la roche portent les teintes et les nuances les plus intenses, les plus flamboyantes, elles laissent des ocres teintés de rouge, de rose et de grenat à la terre et aux nombreuses poches de sable disséminées çà et là dans les moindres recoins du paysage. C’est dans ces poches de sable que poussent préférentiellement les Sclerocactus sileri.
On remarque que la grande majorité de ces spécimens se trouve installée à proximité immédiate de roches massives qui affleurent au-dessus du sol comme autant de vagues figées. Ces roches sont d’origine sédimentaire et proviennent de vastes dunes qui caractérisaient une partie du sud-ouest des Etats-Unis il y a de 180 à 60 millions d’années. Le sable de ces dunes s’est peu à peu cimenté en se mélangeant avec du limon et divers sédiments pour former un matériau dur. Ces roches sont très érodées et ont pris des formes douces, mais leur surface demeure toujours un peu granuleuse.
Dans cette roche, de très nombreux creusets, petits ou grands, ont été formés par l’érosion, creusets dans lesquels viennent s’accumuler les particules les plus fines de cette érosion, petits graviers, sables et limons. Même s’ils sont de dimension réduite, ces creusets, ces poches, sont des emplacements privilégiés pour les plantes car s’y forme une structure complexe et fertile qui a aussi la particularité de conserver un peu plus longtemps une humidité qui peut être bienfaitrice. L’ensemble donne parfois l’impression que ces cactées poussent sur de la roche mais, en fait, elles poussent dans un véritable substrat qui, lui, repose sur la pierre, mais sans bénéficier toujours d’une grande profondeur.
Parmi les spécimens adultes de Sclerocactus sileri (plus d’une vingtaine) observés en date du 1er mai 2015, certains avaient leur tige en partie recouverte de sable pur dont la granulométrie peut être appréciée en cliquant sur la photographie ci-dessus à droite. Pour un certain nombre de sileri, le haut de tige émergeant du sable ne dépassait pas, hors épines, les 3 à 4 cm de hauteur. Mais d’autres spécimens avaient une tige plus apparente qui dévoilait sa forme habituellement ovoïde. Tous ces spécimens montraient une panoplie d’épines (radiales et centrales) blanchâtres ou légèrement grisâtres offrant parfois quelques reflets argentées.
Au niveau de l’apex, les jeunes épines centrales étaient souvent de couleur très sombre alors que l’épine centrale supérieure montrait plus souvent une couleur ocre ou blanchâtre. La structure de ces nouvelles épines se déshydrate cependant rapidement et les teintes sombres qu’elles peuvent avoir à leur stade juvénile disparaissent très vite pour être remplacées par des couleurs proches de l’ambre ou plus nettement blanchâtres. Les épines radiales sont toujours de couleur blanche.
Un spécimen en particulier a attiré notre attention : un très bel exemplaire à deux têtes (tiges). La plante âgée, installée dans une vaste poche de sable pur, s’étalait sur une longueur d’environ 13 cm hors épines. Les deux tiges avaient un même diamètre proche de 7 cm pour une hauteur chacune de l’ordre de 5 cm toujours hors épines. La plante était en train de terminer sa floraison (7 à 6 fleurs sur chaque tige). Une seule et dernière fleur en forme de clochette, pétales blanc rosé avec un cœur jaunâtre, était encore ouverte au sommet de l’une de ses tiges (plus de détails : Traits caractéristiques, espèce par espèce : Sclerocactus sileri).