Lors de notre périple 2011, c’est au cours de la journée du 30 avril, le long de la route 374 en direction du col de Daylight et du Parc National de la Deaf Valley, que nous avons trouvés nos premiers Sclerocactus polyancistrus en fleur. Nous venions de Pahrump à l’ouest de Las Vegas et devions rallier la ville de Tonopah dans la journée. Nous avions déjà trouvé des polyancistrus le long de la route 373 au sud d’Amargosa Valley, à un peu plus de 900 m d’altitude, mais sans rencontrer encore de spécimens en fleur.
Cette journée avait débuté par une visite à une jardinerie bien connue située à l’ouest de Las Vegas, Cactus Joe’s Blue Diamond Nursery. Nous avions pu y voir quantité de cactées, notamment nombre de Ferocactus cylindraceus et lecontei, mais aucun Sclerocactus. Et il nous tardait de voir ces derniers. Aux alentours de Beatty et de la ville fantôme de Rhyolite, entre 1000 et 1100 m d’altitude, nous sommes presque aux confins septentrionaux de l’aire de répartition de cette espèce.
L’espèce polyancistrus couvre la seconde plus grande zone de distribution du genre Sclerocactus (stricto sensu) après celle, bien plus étendue, de l’espèce parviflorus. Une zone qui, à son extrême sud, va jusqu’au nord de la ville de Barstow en Californie. C’est d’ailleurs non loin de cette ville que les premiers spécimens de S. polyancistrus ont été découverts le 15 mars 1854. La découverte de ces premiers spécimens est mentionnée dans les comptes rendus botaniques rédigés par George Engelmann et John M. Bigelow lors d’une l’expédition conduite par le lieutenant A. W. Whipple au cours des années 1853-1854 (« Route near the thirty-fifth parallel« ). Voir Histoire du genre, période 1922-1950.
La rencontre avec ces Sclerocactus polyancistrus est toujours très surprenante, à l’image de celle avec les Sclerocactus nyensis. Il y a d’abord le fait que ces cactées poussent dans des sols impossibles. Un sol caillouteux à l’extrême où l’on cherche en vain le peu de terre dans laquelle s’enracinent ces plantes. Généralement engoncées dans une couche plus ou moins profonde de débris rocheux, ces cactées montrent ensuite une tige entièrement recouverte d’une multitude d’épines qui ne laissent pas entrevoir la couleur de l’épiderme. La dense couverture épineuse des polyancistrus, la plus fournie du genre, est toujours spectaculaire à voir. Elle constitue un signe de reconnaissance spécifique qui permet très vite de l’identifier. En présence de spécimens matures ou âgés de S. nyensis, et en l’absence de fleur ou de fruit, le nombre réduit d’épines radiales de ces derniers (6 à 8) et leur plus faible longueur permettent de les distinguer de l’espèce polyancistrus. Le nom polyancistrus est dérivé du grec ancistro, en forme d’hameçon, de crochet, et illustre précisément par son suffixe poly cette multitude d’épines à pointe en hameçon observées parmi les très nombreuses épines de l’espèce.