Notes de culture 2019

Reprise de la végétation et premières fleurs

Chaque année, de novembre à février, doit se dérouler une période de dormance, un arrêt de la végétation, pour la très grande majorité des cactées, dont bien sûr les Sclerocactus. C’est une période de temps durant laquelle, tout en les privant de tout arrosage car leur substrat doit demeurer au sec, il convient de maintenir ces végétaux dans un froid sec d’une intensité à la mesure bien évidemment de ce qu’ils peuvent supporter et sans jamais trop d’humidité. Pour les Sclerocactus (et Pediocactus) en culture dans nos pays de climat océanique (Europe de l’ouest), les valeurs moyennes et suffisantes peuvent se situer de 15 à 10°C avec de possibles périodes passagères proches des 5°C. Cette période hivernale peut paraître longue, mais elle est nécessaire à la bonne santé et à la vigueur de ces végétaux. Et, non moins important, le froid qu’ils vont subir va aussi induire leurs floraisons.

A la suite de cette période de dormance, les Sclerocactus (ainsi que les Pediocactus) montrent une entrée en végétation assez précoce. Cette entrée en végétation se fait lentement, dès la mi-février ou fin février le plus souvent, mais aussi en fonction des conditions météorologiques qui précèdent l’arrivée du printemps. A l’inverse des conditions météorologiques de l’année 2018 où notre pays connaissait le froid et la neige durant la seconde moitié de février, celui-ci a connu durant toute la seconde moitié de février 2019 un épisode printanier avant l’heure assez exceptionnel. Des températures anormales parfois dignes de celles d’un mois de juin ont ainsi été relevées dans certaines régions, parfois un peu supérieures à 20°C en cours d’après-midi, alors que les températures nocturnes et matinales avoisinaient souvent le 0°C. Une remarquable amplitude de températures que connaissent dans leurs milieux naturels nombre de cactées nord-américaines, notamment Sclerocactus et Pediocactus, et qui leur est bénéfique.

Avec ces températures anormalement douces, l‘entrée en végétation des spécimens en culture de ces cactées ne s’est pas fait attendre, en avance sur celle apparue les années passées. Sur les aréoles à l’apex de quelques spécimens, on pouvait observer la production d’un nouveau duvet de couleur plus claire, premier signe de ce réveil de la végétation. Plus visibles encore, on pouvait ensuite y découvrir la pointe de nouvelles épines et celle de premiers boutons floraux.

Un premier arrosage de ces Sclerocactus (et Pediocactus) en culture a été effectué le 19 février (soit près de 3 semaines plus tôt que celui réalisé l’an passé, le 9 mars 2018). Avec une eau de pluie sans additif d’engrais, cet arrosage a consisté à mouiller prudemment la surface du substrat de l’un des côtés de leur pot. Ce substrat étant très drainant, la quantité d’eau parfois minime versée était néanmoins suffisante pour que cette eau l’humidifie utilement et se diffuse au niveau des racines. Il ne s’agissait, en aucune manière, de noyer le substrat de chaque pot. Un second arrosage du même type, toujours avec une eau de pluie sans ajout d’engrais, a été effectué le 5 mars (soit 2 semaines après le premier du 19 février). Un 3ème arrosage de ces Sclerocactus en culture (avec engrais cette fois) doit être effectué durant la première semaine d’avril.

Les semaines qui ont suivi celles anormalement chaudes de la seconde moitié de février ont été bien moins clémentes et presque de saison. Néanmoins, la reprise de la végétation de tous les spécimens en culture était générale et se poursuivait. On remarquait avec étonnement sur un spécimen de Sclerocactus blainei, semis de 2014 et globulaire encore de petite taille d’un diamètre de seulement 4cm, la pointe de plusieurs boutons floraux. Ces boutons floraux sur d’aussi petits exemplaires sont peu courants en culture. Ils ne sont toutefois pas allés à leur terme. On remarquait aussi en ce début d’année 2019 que se développait sur presque chaque spécimen un nombre conséquent de boutons floraux : de 6 à 9 sur des brevispinus, 13 sur un mesae-verdae, de 5 à 7 sur plusieurs glaucus. De quoi espérer de très belles floraisons, ce qui fut le cas.

Les premières fleurs ouvertes parmi les Sclerocactus en culture ont été celles d’un brevispinus et d’un mesae-verdae le 7 mars, mais précédée de celle d’un Pediocactus winkleri le 5 mars. Le mois de mars a vu la quasi-totalité des floraisons s’épanouir. La floraison des spécimens de Sclerocactus glaucus a été plus tardive, à partir du 19 mars seulement, mais elle a été somptueuse, certains spécimens comptant jusqu’à 5 à 6 fleurs largement épanouies dans un même temps.

On trouvera ci-après l’illustration de quelques-unes de ces floraisons 2019 avec l’indication de la date à laquelle les photographies ont été prises.

16 février 2019 – Sclerocactus blainei , semis de 2014, dans son pot de semis 5×5. Petite tige globulaire de 4cm de diamètre avec présence bien visible de deux boutons floraux (qui ne donneront pas de fleur).
22 février 2019 – Sclerocactus mesae verdae en culture. Spécimen âgé portant jusqu’à 13 boutons floraux qui ont tous donné leur fleur.
5 mars 2019 – Pediocactus winkleri, première fleur ouverte de la saison parmi tous les spécimens de Pediocactus et Sclerocactus en culture.
7 mars 2019 – Sclerocactus brevispinus, première fleur ouverte parmi les spécimens de Sclerocactus en culture.
11 mars 2019 – Sclerocactus brevispinus, spécimen avec 6 fleurs ouvertes en même temps.
11 mars 2019 – Sclerocactus mesae verdae, spécimen portant 13 boutons floraux, avec 9 fleurs épanouies dans le même temps.
19 mars 2019 – Sclerocactus glaucus, spécimen avec 4 fleurs épanouies dans le même temps.
22 mars 2019 – Ouverture d’une première fleur sur un spécimen de Sclerocactus whipplei.
26 mars 2019 – Unique fleur ouverte sur un petit Sclerocactus parviflorus.
26 mars 2019 – Sclerocactus parviflorus en culture, à fleur magenta.

Sclerocactus whipplei, Lithodendron Wash, Arizona

Pour qui s’intéresse aux cactées, il peut y avoir du bonheur mais aussi de l’émotion à se retrouver sur les lieux où, pour la première fois, a été vu et collecté un cactus jusque-là inconnu de la science botanique. La photographie ci-dessous prise le 6 mai 2015 montre quelques-unes des étendues de la vaste plaine sablonneuse et rocailleuse dénommée Lithodendron Wash où ont été découverts en 1853 les premiers spécimens de ce qui deviendra Echinocactus whipplei, renommé par la suite Sclerocactus whipplei (Britton et Rose, The Cactaceae, 1922). Cet environnement est situé en Arizona à moins d’une trentaine de kilomètres de la ville de Holbrook et des rives du Petit Colorado (Little Colorado River)1520a-2015-Lithodendron

L’année 1853 se place dans la grande époque de la conquête de l’Ouest qui chamboule et façonne le territoire américain avec les flots d’émigrants à la recherche de terres dès les années 1841/1842, ou encore avec la découverte de l’or au tout début de 1848. Le territoire mexicain est également bouleversé avec la fin de la guerre de 1846 entre le Mexique et le jeune Etat Américain, guerre qui se termine pour le Mexique par la perte notamment de l’Arizona, du Nouveau-Mexique et de la Californie. Depuis les rives du Mississipi jusqu’à la côte Pacifique, plus de trois milles kilomètres de terres inexplorées s’ouvrent alors à de grandes expéditions.

Il y en aura six, ordonnées par le gouvernement américain, qui s’emploieront principalement à créer des routes 1519a-2015-Lithodendroncommerciales. Entre juillet 1853 et mars 1854, une de ces expéditions a pour objectif en suivant le 35ème parallèle de déterminer un tracé ferroviaire entre le Mississipi et la côte Ouest. C’est au cours de cette expédition conduite par le Lieutenant Amiel Weeks Whipple (1818-1863) que sont trouvés les premiers spécimens d’Echinocactus (Sclerocactus) whipplei. Toutes les observations et informations collectées durant cette expédition ont été consignées dans cinq volumineux rapports. Le rapport n°5 consacré à la botanique sera rédigé par John Milton Bigelow (1804-1878) et le Dr George Engelmann (1809-1884), les botanistes de l’expédition (voir page Nathaniel Lord Britton et Joseph Nelson Rose (période 1922-1950).

Dans sa description première d’Echinocactus whipplei (1856-1857), G. Engelmann souligne les caractéristiques de son épine centrale supérieure, « la plus longue et la plus large de toutes, mesurant (d’après les spécimens collectés) 3 à 4,5 centimètres de long, et large d’au moins 2,5 millimètres à la base, rectiligne et dirigée vers le haut et presque contiguë avec les épines radiales dont elle semble compléter le cercle que forment ces dernières ». En l’absence de ses fleurs de couleur crème à blanchâtre, Sclerocactus whipplei est morphologiquement une espèce assez facilement reconnaissable. Sa couverture d’épines est en effet caractérisée par une épine centrale supérieure qui se remarque immédiatement parce que tranchant nettement d’aspect avec les autres épines.1222recad-2015-whipplei

Bien que faisant partie des épines dites centrales, elle est positionnée tout en haut de l’aréole, presque dans le cercle de ses épines radiales. De couleur blanchâtre à ivoire, avec une pointe souvent de couleur brune noirâtre, elle est habituellement rectiligne sur toute sa longueur. Et même s’il lui arrive d’être parfois légèrement courbée ou arquée, elle pointe immanquablement vers le haut de la tige. Elle prend la forme d’une lame de dague ou de sabre. Mais sa plus grande particularité est d’être de section aplatie alors que toutes les autres épines de l’espèce sont de section ronde ou quadrangulaire. C’est enfin la plus longue épine de toutes celles observées sur les whipplei. Elle peut atteindre 6 à 7 cm de longueur, dépassant en longueur l’une de ses autres épines centrales qui forme avec elle un angle de presque 90° et dont la pointe se termine en forme d’hameçon.

Aujourd’hui, la vaste plaine sablonneuse et rocailleuse de Lithodendron Wash est située pour partie dans les limites du Parc National de la Forêt Pétrifiée (Petrified Forest National Park). Mais il n’y a plus de Sclerocactus whipplei dans les limites du parc. Les documents officiels distribués aux visiteurs de ce parc privilégient bien naturellement l’univers minéral, les bois fossilisés et les paysages très colorés qui font toute sa richesse. Ils ne parlent guère de sa végétation. Seule une modeste brochure de deux pages liste les espèces végétales que l’on peut y rencontrer. Pour ce qui concerne les cactées, des Echinocereus coccineus, des Escobaria vivipara ssp. arizonica, des Opuntia erinacea, fragilis, macrorhiza, des Cylindropuntia whipplei et quelques petites colonies de Sclerocactus (Toumeya) papyracanthus.

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Lyman David Benson (période 1950-1980)

Au début des années 1950, Lyman David Benson (1909-1993) est professeur d’université en Californie puis en Arizona. Il enseigne la botanique et la zoologie et a déjà publié plusieurs ouvrages, notamment The cacti of Arizona en 1940 et Trees and shrubs ot the Southwestern en 1944. Ces ouvrages l’ont conduit à poursuivre ses travaux sur les cactées et à étudier nombre de descriptions déjà publiées, l’amenant par exemple en 1951 à placer Coloradoa mesae-verdae dans le genre Echinocactus (Leafets of Western Botany. 6: 163). Quelques découvertes vont aussi nourrir et orienter ses travaux.

wrightiae-0508-2012-Capitol-ReefDes spécimens d’une nouvelle cactée sont découverts en 1961 en Utah par une habitante du comté d’Emery, Madame Dorde Wright Woodruff (Wright Fishhook Cactus Recovery Plan 1985, U.S. Fish and Wildlife Service, Denver). Elle connaît bien le San Rafael Ridge d’où proviennent ces spécimens et elle va travailler de manière informelle avec Benson à la rédaction de son ouvrage The Cacti of the United States and Canada qui paraîtra en 1982.

Benson va établir un lien entre Echinocatus mesae-verdae et cette cactée nouvelle qui va bientôt porter le nom de S. wrightiae : envergure et couleur identiques des tiges qui ont l’une et l’autre la capacité à se rétracter dans le sol durant les périodes de sécheresse, couleurs et formes des fleurs très proches, déhiscence des fruits, lesquels ne portent pas d’écaille. Seule la présence de 4 à 6 épines centrales sur cette nouvelle cactée marque une nette différence avec E. mesae-verdae qui n’en possède pas ou très rarement une seule. San-Rafael-Swell-146-2009

Homme de terrain, Benson va découvrir dans le même secteur d’autres spécimens de cette cactée qu’il décrit en 1966 dans la revue Cactus and Succulent Journal (Los Angeles) 38(2): 55-57,f. 5-6, sous le nom de S. wrightiae (Dorde Wright Woodruff, On the naming of Sclerocactus wrightiae, in Segolily, Newsletter ot the Utah Native Plant Society, 29(6): 5, 2006). Ce volume 38 du Cactus and Succulent Journal (Los Angeles) est alors important car s’y trouve publiée une nouvelle nomenclature du genre. Le genre Sclerocactus comporte six espèces : glaucus, mesae-verdae, polyancistrus, pubispinus, wrightiae et whipplei, cette dernière avec trois variétés : whipplei, intermedius, roseus. On note dans cette nomenclature l’absence du nom d’espèce parviflorus tel qu’il est retenu aujourd’hui, remplacé par celui de whipplei var. roseus (Cactus and Succulent Journal (Los Angeles), 38(3): 101).

Cette nomenclature est la bienvenue car le genre devenait difficile à appréhender comme en témoignent, par exemple, les commentaires d’un auteur anglais qui, en 1972, signe dans le Cactus and Succulent Journal of Great Britain un petit article consacré au genre Sclerocactus. Dès les premières lignes, il déplore les désaccords existants visant à identifier et à dénombrer les espèces à classer dans ce genre, d’où la nécessité, dans le cadre de son article, de s’appuyer sur la nomenclature de Benson, seule source lui paraissant valable à l’époque (Bowker, L.H. 1972. The genus Sclerocactus in Cactus and Succulent Journal of Great Britain, 34(3): 54-56).

Dans les années 1970-1980, du fait de leurs lieux de collecte, les découvertes concernent des cactées jugées actuellement comme intermédiaires entre S. parviflorus et S. whipplei ssp. whipplei. Les descriptions abondent et montrent des différences peu déterminantes ne portant que sur des longueurs ou couleurs d’épines, sur des couleurs de fleurs ou de fruits, sur des tailles et morphologies de tiges. Bien souvent, on ne sait dire si les spécimens décrits sont matures ou encore juvéniles, ce qui peut avoir une importance en terme de morphologie… Notre objectif de brosser rapidement l’historique du genre nous amène à ne donner que quelques exemples sur ces écrits (cf. tableau ci-dessous).

Cette période voit même des changements de genre, tel celui proposé par le botaniste Jerry Arp de placer Sclerocactus mesae-verdae dans le genre Pediocactus en 1972. Si la couverture d’épines et les fleurs de mesae-verdae la rapprochent de Pediocactus bradyi, les caractéristiques de ses fruits et leur déhiscence la ramènent cependant au genre Sclerocactus.

whipplei-heilii-2289-2014-SanJuanDécouvertes au Nouveau-Mexique dans le comté de San Juan, S. whipplei var. reevesii (= nom non retenu) et S. whipplei var. heilii (=S. whipplei ssp. heilii), sont décrites en 1976 dans le Cactus and Succulent Journal (Los Angeles), 48(2): 80-82 (Edward Franklin Castetter, Prince Pierce et Karl H. Schwer). Elles se voient distinguées par de petites variations affectant leur couverture épineuse et leurs fleurs respectivement de couleur rose-pourpre et pourpre à magenta. S. whipplei ssp. heilii est décrite en 1994 comme S. cloverae par Kenneth D. Heil, en 1997 comme S. whipplei subvar. aztecia par F. Hochstätter, en 2003 à nouveau comme S. cloverae par K. D. Heil & Porter (Sclerocactus in Flora of North America Editorial Committee), en 2005 comme S. whipplei ssp. heilii par David Hunt (International Cactaceae Systematics Group 20: 23). wEarle-cacti-southwest5Autres cactées observées au sud-est de l’Utah, S. terrae-canyonae (= S. parviflorus) et S. contortus (= S. parviflorus), sont décrites en 1979 par Kenneth D. Heil. Il faut aussi citer S. parviflorus var. blessingiae décrite par W. Earle en 1980, et qui correspond morphologiquement à S. intermedius (= S. parviflorus) observée quelques 30 années plus tôt (Peebles, 1949) au nord de l’Arizona, à proximité de Pipe Springs, comté de Mohave…

parviflorus0702a-2010-PipeSpringLa profusion de dénominations affectant le plus souvent l’espèce parviflorus en raison de sa variabilité ajoute certaines confusions avec l’espèce whipplei ssp. whipplei. L’aire de répartition de cette dernière est centrée sur le plateau de l’Arizona et du Nouveau-Mexique, qui se trouve dans l’immédiate continuité du plateau du Colorado. Nombre de secteurs où peut s’observer S. whipplei ssp. whipplei interfèrent naturellement plus ou moins avec les territoires où se rencontre S. parviflorus, laquelle est très présente autour de Four Corners, notamment au nord et nord-est de l’Arizona, mais beaucoup moins au Nouveau-Mexique. Dans son article Fieldnotes on Sclerocactus parviflorus (Cactaceae-Review IRT 3(2) 2000), Dave Ferguson indique que S. parviflorus peut être encore observée au Nouveau-Mexique au nord de la San Juan River et jusqu’à l’est de Shiprock, mais qu’elle est remplacée au-delà de la San Juan River, et plus au sud jusqu’à Lybrook, par S. whipplei ssp. heilii.

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Sclerocactus whipplei

Sclerocactus whipplei ssp. whipplei présente une tige solitaire sphérique à ovoïde un peu déprimée prenant avec l’âge un aspect plus cylindrique dont la hauteur ne dépasse pas 14 cm pour un diamètre de 4 à 10 cm. On dénombre un total de 12 à 17 épines par aréole dont 7 à 12 radiales de couleur blanche et 4 à 5 centrales. whipplei-1284-2014-Bluff

L’une de ces épines centrales qui pointe vers l’apex est très caractéristique de l’espèce. Elle est droite ou légèrement arquée en forme de glaive sur toute sa longueur (2 à 7 cm), est toujours de couleur blanchâtre ou ivoire avec une pointe de couleur brune plus ou moins sombre et présente une section plate de 1,5 à 2 ou 3 mm de large.

Cette épine permet, en l’absence des fleurs jaune blanchâtre de S. whipplei ssp. whipplei, de la distinguer des autres espèces du genre, notamment de la ssp. terrae-canyonae (= S. parviflorus) qui porte aussi des fleurs jaunes mais d’une teinte nettement plus vive. Les fleurs sont diurnes, apicales, en forme de clochette, avec pétales à pointe arrondie. Les fruits montrent une enveloppe portant une dizaine d’écailles à peine ébauchées. Ces fruits sont ovoïdes à légèrement allongés, longs jusqu’à 3 cm, deviennent rosâtres à rougeâtres à maturité. Ils sont irrégulièrement déhiscents à leur base. Les graines sont noires et brillantes. La floraison dans son habitat s’étale de fin avril à mai.Dia-Epines-whipplei2

Pour une description plus complète et  technique, on pourra se rendre sur le site de Flora of North America.

Sa répartition couvre un territoire de taille réduite situé au nord-est de l’Arizona (comtés de Navajo, Coconino et Apache), principalement sur les terres des réserves indiennes Navajo au sud-ouest de Kayenta, ainsi que du sud de Chinle jusqu’au nord de Snowflake et à l’extrême sud-est de l’Utah où elle se rencontre encore autour de Bluff (comté de San Juan). S. whipplei ssp. whipplei pousse sur des sols limoneux à argileux, plus ou moins chargés en graviers, en rebords de mesas empierrées et désertiques, sur les parties basses de collines ou de mesas, dans des environnements d’Artemisia et de Gutierrezia  ou plus herbacés (Boutela), ou dans des environnements de Pinus edulis et de Juniperus osteosperma, entre 1500 et 1800 m d’altitude (de 1280 à 2150 m selon le Arizona Game and Fish Department).whipplei1264-2014-Bluf

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Nathaniel L. Britton et Joseph N. Rose (période 1922-1950)

Créé par les botanistes américains Nathaniel L. Britton (1859-1934) et Joseph N. Rose (1862-1928), le nom du genre Sclerocactus (issu des mots grecs sklêros, dur, cruel, et kaktos, chardon) apparaît pour la première fois dans leur ouvrage monumental (4 volumes) intitulé The Cactaceae : Descriptions and Illustrations of Plants of the Cactus Family. Un ouvrage publié par l’Institut Carnegie à Washington entre 1920 et 1923 (publié pour la première fois en 1920 sous le numéro 248 de la publication de cet Institut). S’y trouvent rangées deux espèces, Sclerocactus whipplei et Sclerocactus polyancistrus, caractérisées l’une et l’autre par de nombreuses et impressionnantes épines. Ces deux espèces ont été découvertes dans les années 1850 et étaient précédemment placées dans un vaste genre commun Echinocactus. 

Ces découvertes se placent dans un contexte historique mouvementé. En particulier, avec la fin de la guerre de 1846 entre le Mexique et le jeune Etat Américain, ce dernier gagnant d’immenses territoires, entre autres l’Arizona, le Nouveau-Mexique et la Californie. Depuis les rives du Mississipi jusqu’à la côte Pacifique, plus de trois milles kilomètres de terres inexplorées s’ouvrent alors à six grandes expéditions diligentées par le gouvernement américain et qui visent notamment à créer des routes commerciales. Entre juillet 1853 et mars 1854, une de ces expéditions a pour objectif de déterminer un tracé ferroviaire entre le Mississipi et la côte Ouest et en suivant le 35ème parallèle. C’est au cours de cette expédition conduite par le Lieutenant Amiel Weeks Whipple (1818-1863) que vont être trouvés les premiers spécimens d’Echinocactus whipplei (Route near the thirty-fifth parallel, explored by Lieutenant A.W. Whipple, topographical engineers, in 1853 and 1854. Report on the botany of the expedition. Washington D.C.: WarDepartment, 1856). 

parvif-NavajoNM-1990-01Toutes les observations et informations collectées durant cette expédition sont consignées dans cinq volumineux rapports. Le rapport n°5 est consacré à la botanique et est rédigé par les botanistes de l’expédition, John Milton Bigelow (1804-1878) et le Dr George Engelmann (1809-1884).

Dans le rapport n°1 portant sur la Description Générale du caractère botanique du pays, J. M. Bigelow indique que dans le secteur de la Vallée de Zuni « sur les rives du Colorado Chiquito, et seulement dans ces alentours, nous avons trouvé un nouvel Echinocactus, le premier de ce genre rencontré sur notre route, mais il n’était pas en fleur ni en fruit. Il est assez peu répandu dans cette zone, ayant été trouvé seulement le long des berges du Rio Colorado Chiquito ». Dans le rapport botanique de l’expédition, George Engelmann est plus explicite : « Cette espèce a été découverte dans Lithodendrow Creek, près de la Colorado Chiquito à environ 90 miles (145 kms) à l’ouest de Zuni, dans des plaines sablonneuses, les 3 et 4 décembre 1853. Au début, seuls des spécimens morts ont été trouvés, puis des juvéniles vivants ont ensuite été collectés… Nous avons nommé cette très jolie espèce en l’honneur du capitaine A. W. Whipple, l’entreprenant et talentueux commandant de cette expédition ». Whipple1856whipplei1

En arrivant dans ces plaines sablonneuses non loin des rives de la rivière Little Colorado, Whipple fut impressionné par les innombrables bois pétrifiés sous formes de troncs souvent massifs qui se trouvaient disséminés un peu partout dans le paysage. Ce qui l’incita à nommer cet endroit Lithodendron Creek d’après les mots grecs anciens lithos, pierre, et dendron, arbre. Un vaste paysage appelé aujourd’hui et de manière plus appropriée Lithodendron Wash en raison d’une absence quasi permanente d’eau en toute période de l’année (William G. Parker, Sidney R. Ash, David G. Gillette, Roadlog through Petrified Forest National Park, Museum of Northern Arizona, Bulletin N° 62, 2006). En forme de large cuvette, ce secteur de Lithodendron Wash se trouve aujourd’hui en partie seulement dans les limites nord du Parc National de la Forêt Pétrifiée (Petrified Forest National Park).

La première description d’Echinocactus whipplei faite par George Engelmann dans le rapport botanique de  l’expédition de Whipple (1856) porte essentiellement sur la couverture d’épines et sur des graines. « Parmi les débris des spécimens morts récoltés, un nombre de graines furent trouvées qui à n’en pas douter appartenaient à cette espèce » est-il noté dans le rapport. Aucune mention ou description n’est faite à propos de fleurs ou de restes floraux. Et pour cause, les premiers spécimens de whipplei sont trouvés début décembre. J. M Bigelow écrit : « Malheureusement, nous sommes passés dans cette région entre le 18 Novembre (quand nous avons traversé la crête de la Sierra Madre) et le 25 Décembre. A cette dernière date, nous avons campé au pied des Monts San Francisco. Ce fut la saison la plus inappropriée de l’ensemble de l’année pour la collecte des plantes herbacées, et doit expliquer mes modestes collectes au cours de cette partie de notre voyage ».

Petrified-Forest-web-AZCe qui n’empêche pas, dans la vallée de Zuni et à proximité du lieu de découverte des spécimens de whipplei, de trouver une nouvelle espèce d’Opuntia. Et d’expliquer que « comme cette population de plantes intéressantes était presque la seule que nous pouvions trouver et étudier en cette saison et fin d’année, nos équipes rivalisèrent pour en apporter quotidiennement au camp qui n’avaient pas été déjà vues ou recueillies ». Le nom d’espèce davisii fut donné à cette Opuntia en référence au Secrétaire de la Guerre, le colonel Jefferson Davis, « sous les auspices duquel les expéditions pour l’exploration d’une voie appropriée au chemin de fer du Pacifique ont été organisées et ont pu accomplir tant de choses… ».

Des spécimens d’Echinocactus whipplei sont trouvés six ans plus tard au cours de l’expédition du Capitaine Ingénieur Topographe de l’Armée Américaine, James Hervey Simpson (1813-1883) (Report of explorations across the Great Basin of the Territory of Utah for a direct wagon-route from Camp Floyd to Genoa, in Carson Valley, in 1859). Mais toujours pas de fleur, les spécimens rencontrés ne permettant que de recueillir des restes floraux.

D’autres spécimens d’Echinocactus whipplei sont ensuite trouvés en 1871 lors de l’exploration dirigée par le géologue Clarence King (United States Geological Exploration of the Forthieth Parallel). Les comptes rendus botaniques de cette exploration rédigés par Sereno Watson (1826-1892) font curieusement état de fleurs de couleur « rouge verdâtre » pour Echinocactus whipplei alors que, quelques lignes plus loin, la description d’Echinocactus polyancistrus (premier spécimen découvert en 1854, renommé Sclerocactus polyancistrus par Britton et Rose), attribue à cette espèce des fleurs de couleur « jaune ». Dans quelles conditions ces couleurs de fleurs ont-elles été déterminées ? Faut-il y voir une malencontreuse mais simple inversion de couleur de fleurs entre les deux espèces (encore que « rouge verdâtre » ne soit pas très exactement la couleur des fleurs observés sur polyancistrus) ? SWatson1871whipplei1

Les quelques lignes relatives à Echinocactus whipplei n’apportent guère de précisions et mentionnent une localisation « in Desert Valley, west of Sevier Lake, Utah, … ce dernier (le spécimen) avec plus d’épines radiales et souvent plus d’une en forme d’hameçon ». On sait aujourd’hui que l’espèce whipplei n’est présente en Utah que de manière localisée à l’extrême sud-est de cet Etat. Elle est totalement absente tout autour du lac Sevier qui se trouve dans la moitié ouest de l’Utah, là où peuvent par contre se rencontrer des Sclerocactus spinosior. La mention « avec plus d’épines radiales et souvent plus d’une en forme d’hameçon » concernerait-elle alors un spécimen de Sclerocactus spinosior ? On notera par ailleurs que le véritable botaniste engagé pour cette exploration, William Whitman Bailey (1843-1914), a dû la quitter pour cause de maladie. C’est Sereno Watson, engagé pour cette exploration comme topographe, qui a été amené à le remplacer bien que n’ayant pas toute la formation botanique requise, et à rédiger le volume n°5 Botany de l’expédition de C. King (Harvard University Library, Papers of Sereno Watson, 1852-1885 : a Guide).

Cette couleur « rouge verdâtre »  est encore mentionnée dans la description que fait de cette espèce whipplei le botaniste américain John Merle Coulter (1851 – 1928) dans un rapport élaboré à partir de 1891, « Revisions of North American Gramineae and Cactaceae » (Contributions from the U. S. National Herbarium, Vol III, 1892-1896, Washington). Et dans la description qui est faite d’Echinocactus polyancistrus, on peut encore y lire que les fleurs de cette espèce sont de couleur « rouge ou jaune ». Cinquante ans après la découverte de ces cactées, leurs couleurs de fleurs respectives ne sont manifestement pas encore correctement déterminées.

En 1899, on trouve mention d’Echinocactus whipplei dans le volume IX de la revue Meehan’s Monthly éditée à Germantown, un quartier de Philadelphie, dans le Connecticut. Il s’agit, comme le précise sa publicité, d’un « magasine d’horticulture, de botanique et de sujets proches » dirigé par Thomas Meehan, horticulteur, botaniste et auteur de plusieurs articles sur les plantes succulentes. L’article consacré à Echinocactus whipplei est précédé de sa description extraite du rapport consacré à la Botanique provenant de l’expédition « Geological Survey of California » (1860-1874) publié seulement en 1880 et rédigés par divers experts sous l’autorité précisément de Sereno Watson. Les fleurs y sont décrites de couleur jaune. L’article signé de T. Meehan est illustré d’une lithographie couleur pleine page d’un spécimen de whipplei en fleur, une fleur qui n’a rien de jaune… meehan2-litho-whipplei(image courtesy University of Massachusetts Amherst).

Pour revenir aux années 1850 et à la suite de la découverte des premiers spécimens d’Echinocactus whipplei, le premier spécimen d’Echinocactus polyancistrus est découvert lors de la même expédition de Whipple « sur des collines rocailleuses et des plaines sablonneuses, à la source de la Mojave, sur le versant oriental de la Cordillère California, à une journée de voyage avant d’atteindre le col Cajon. Cette espèce élégante et surprenante a été collectée le 15 Mars 1854, avec de jeunes bourgeons floraux ». Ce nom polyancistrus est dérivé du grec ancistro (en forme d’hameçon, de crochet) et illustre par son suffixe poly la multitude d’épines à pointe en hameçon qui sont observées parmi les très nombreuses épines de l’espèce. Les premières descriptions de ces deux espèces, whipplei et polyancistrus, sont publiées en 1856 dans les “Reports of explorations and surveys for a railroad from the Mississippi River to the Pacific Ocean” (Georges Engelmann & John M. Bigelow, Proceedings of the American Academy of Arts and Sciences 3:271-272, 1856).

Britton & Rose ne rangent pas Echinocactus pubispinus dans leur genre Sclerocactus. Pourtant, les premiers spécimens de cette espèce sont trouvés le 9 mai 1859 au Nevada, comté de White Pine, dans le secteur de Pleasant Valley, une vallée à cheval entre les deux États du Nevada et de l’Utah. Le nom pubispinus est dérivé des mots latins pubes, poil, et spina, épine, en référence aux épines juvéniles pubescentes caractéristiques de l’espèce. Mais cette description, publiée en 1863 par H. Engelmann dans le recueil Transactions of Academic Scientific of St Louis 2 :199, se réfère à un exemplaire jugé par trop juvénile et de plus sans fleur ni fruit. Elle n’est pas retenue. HistoireSclero-polyancistrus

C’est lors d’une autre expédition conduite la même année par le capitaine James H. Simpson que sont trouvés d’autres spécimens mais cette fois en Utah, à l’ouest de Camp Floyd, près de Pleasant Valley. Cette expédition est destinée à ouvrir une nouvelle route depuis Camp Floyd, près de Salt Lake City, en direction de la Californie. La description réalisée par George Engelmann figure dans les comptes rendus de J. H. Simpson édités en 1876. Mais, au cours de l’expédition, le lieu de collecte des spécimens n’a pas été relevé de manière précise et la description est insuffisante. Pour G. Engelmann à qui cette cactée rappelle fortement Echinocactus whipplei décrite en 1856, elle devient Echinocactus whipplei var. spinosior qui, en 1976, sera renommée Sclerocactus spinosior par D. Woodruff & L.D. Benson (Changes in status in Sclerocactus in Cactus and Succulent Journal (Los Angeles), 48(3):131-134).

Britton & Rose ne rangent pas non plus dans les Sclerocactus les spécimens trouvés au Colorado dans le comté de Delta par le botaniste Joseph Anton Purpus (1860-1932). J. A. Purpus est le jeune frère de Karl Albert Purpus, connu dans les années 1880-1900 comme grand collectionneur et collecteur de plantes, principalement au Mexique et dans l’Ouest américain. Mais la description qu’en fait Karl Moritz Schumann (Gesamtbeschreibung der Kaktee, 438, 1898) sous le nom d’Echinocactus glaucus n’est pas retenue.

Reste le cas de Sclerocactus sileri. C’est bien dans l’ouvrage The Cactaceae que l’on semble en trouver trace historiquement. Britton et Rose y référencient Toumeya papyracantha décrite à l’origine par G. Engelmann (sous les noms de Mammillaria sileri puis de Echinocactus sileri) avec pour localité type le secteur de Santa Fe au Nouveau-Mexique. Ils indiquent aussi avoir trouvé à l’Académie des Sciences de Philadelphie des fragments d’une autre cactée assez ressemblante, cactée découverte en 1888 par un habitant de Kanab, Andrew Lafayette Siler (1824-1898). C’est un avocat et notaire, juriste passionné de botanique, qui est aussi le découvreur avéré de Pediocactus sileri au cours de ces mêmes années 1880. Les notes très réduites laissées par Siler avec ces fragments conservés à Philadelphie indiquent que c’est un Echinocactus papyracantha (ou papyracanthus) découvert au sud de l’Utah. Or, l’espèce papyracantha n’est pas présente en Utah, mais uniquement au Nouveau-Mexique et au centre-est de l’Arizona. Siler, qui n’indique malheureusement aucune localisation précise, n’a donc pas pu trouver cette espèce au sud de l’Utah. Mais il a pu découvrir Sclerocactus sileri dans la mesure où celle-ci ne se rencontre que dans une vallée située à quelque 60 km seulement d’un secteur qu’il connaît bien puisqu’il y a découvert P. sileri.  Andrew L. Siler est donc considéré à ce jour comme le découvreur à la fois de Pediocactus sileri et de Sclerocactus sileri. Un même nom d’espèces et un même découvreur qui ont amené une certaine littérature consacrée au genre Sclerocactus à faire figurer à tort Utahia sileri dans la nomenclature historique de S. sileri. En fait, Utahia sileri se rapporte uniquement et incontestablement à Pediocactus sileri, comme le montrent bien la description et une figure (n°227) des épines dans l’ouvrage The Cactaceae de Britton & Rose.

Sclerocactus sileri sera référencé Sclerocactus ssp. sileri fin des années 1960, puis Sclerocactus whipplei ssp. busekii au milieu des années 1990 (voir Histoire du genre, « Kenneth D. Heil (période 1990-2010) ».

Si bien qu’à l’époque de la création du genre Sclerocactus, cinq espèces ont donc été découvertes, polyancistrus, whipplei, pubispinus, glaucus et sileri, les trois dernières ne s’y trouvant pas (encore) rangées. Echinocactus pubispinus sera renommée Sclerocactus pubispinus en 1966 par Lyman D. Benson (Cactus and Succulent Journal (Los Angeles) 38(3): 103), lequel, la même année, renommera Echinocactus glaucus en Sclerocactus glaucus (A Revision of Sclerocactus in Cactus and Succulent Journal (Los Angeles) 38(2): 50-57). Le genre Sclerocactus s’enrichira de S. pubispinus var. sileri en 1969 (Lyman D. Benson, Cacti of Arizona, ed.3, 23, 179), cactée qui portera aussi le nom de S. whipplei ssp. buzekii (nom inusité) avant d’être élevée au rang d’espèce en 1994 sous le nom de Sclerocactus sileri (K.D. Heil and J. M. Porter, Haseltonia, 2, 20-46).

HistoireSclero-extraitCactaceae

L’année 1939 voit la publication de S. franklinii trouvée au Colorado dans le sud-est de la vallée de la Gunnison River, dans le même comté de Delta où fut trouvé précédemment Echinocactus glaucus par J. A. Purpus. Postérieur à celui de glaucus, ce nom de franklinii est aujourd’hui non usité, simple synonyme de glaucus. Les premiers spécimens de S. mesae-verdae sont découverts en 1940 près de Cortez, au sud-ouest du Colorado, par un docteur en médecine installé à Colorado Springs, Charles Hercules Boissevain. Ils sont décrits sous un nouveau genre, Coloradoa (Boissevain C.H. & C. Davidson, 1940, Colorado Cacti : an Illustrated Guide Describing all of the Native Colorado Cacti, 55, fig. 38-40). Le nom d’espèce a pour origine celui donné au parc national créé en 1908 par le président des États-Unis Theodore Roosevelt pour protéger les habitations préhistoriques troglodytiques construites à même des falaises par des Indiens Anasazi entre les VIe et XIVe siècles après J.-C. La plante sera renommée Sclerocactus mesae-verdae en 1966 par L. D. Benson dans la revue Cactus and Succulent Journal (Los Angeles) 38(2): 54.

Echinocactus parviflorus (qui va devenir Sclerocactus parviflorus) est une cactée décrite pour la première fois en 1941. Ce nom parviflorus vient du latin parvus, petit, et floreo, fleurir. Les premiers spécimens sont collectés le 6 juillet 1938 en Utah dans le comté de San Juan, au début du Forbidding Canyon tout proche du fameux Rainbow Bridge dans le secteur de Glen Canyon (Bulletin of Torrey Botanical Club, 68:419, fig), par une spécialiste des plantes succulentes, professeure de botanique dans le Michigan, Elzada Urseda Clover (1896-1980). Accompagnée de l’une de ses étudiantes, Lois Cutter Jotter (1914-2013), elle réalise cette année-là le premier relevé des espèces végétales présentes aux abords du fleuve Colorado sur près de 1 100 kilomètres de son cours. Elles sont les deux premières femmes à descendre ce fleuve – notamment sa partie Grand Canyon – sans embuche sur cette distance. En 1942, E. Clover publie dans l’American Journal of Botany, 29(2) :172-173, la description de deux nouvelles espèces, havasupaiensis et havasupaiensis var. roseus, cactées qui ne présentent que de minimes différences (en particulier couleur de fleur) avec les spécimens de 1941. En 1949, c’est le botaniste Peebles qui publie (Leafets of Western Botany 5(12): 191)une description de deux autres spécimens trouvés à la fin des années 1930 en Arizona près de la ville de Ganado, comté de Apache (S. whipplei var. pygmaeus) et à proximité de Pipe Springs, comté de Mohave (S. intermedius).

Les espèces havasupaiensis seront renommées S. parviflorus ssp. havasupaiensis par Fritz Hochstätter en 1995 dans la revue Succulenta (Netherlands), 74(1): 38. L’espèce intermedius sera renommée S. parviflorus ssp. intermedius en 1994 par Heil & Porter dans la revue Haseltonia, 2: 27. Ces deux ssp. sont assimilées aujourd’hui à S. parviflorus (The New Cactus Lexicon, David Hunt, 2006).

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